Imaginez-vous d’être en une rase campagne, toute seule avec votre bon ange, comme était le
jeune Tobie allant en Ragès, et qu’il vous fait voir en haut le paradis ouvert, avec les plaisirs représentés en la méditation du paradis que vous avez faite ; puis, du côté d’en bas, il vous fait voir l’enfer ouvert, avec tous les tourments décrits en la méditation, et mise à genoux devant votre bon ange:
1. Considérez qu’il est très vrai que vous êtes au milieu du paradis et de l’enfer, et que l’un et l’autre est ouvert pour vous recevoir, selon le choix que vous en ferez.
2. Considérez que le choix que l’on fait de l’un ou de l’autre en ce monde, durera éternellement en l’autre.
3. Et encore que l’un et l’autre soit ouvert pour vous recevoir, selon que vous le choisirez, si est-ce que Dieu, qui est appareillé de vous donner, ou l’un par sa justice ou l’autre par sa miséricorde, désire néanmoins d’un désir nonpareil que vous choisissiez le paradis; et votre bon ange vous en presse de tout son pouvoir, vous offrant de la part de Dieu mille grâces et mille secours pour vous aider à la montée.
4. Jésus-Christ, du haut du ciel, vous regarde en sa débonnaireté et vous invite doucement : «Viens, o ma chère âme, au repos éternel entre les bras de ma bonté, qui t’a préparé les délices immortelles en l’abondance de son amour ». Voyez de vos yeux intérieurs la sainte Vierge qui vous convie maternellement: «Courage, ma fille, ne veuille pas mépriser les désirs de mon Fils, ni tant de soupirs que je jette pour toi, respirant avec lui ton salut éternel ». Voyez les saints qui vous exhortent, et un million de saintes âmes qui vous convient doucement ne désirant que de voir un jour votre coeur joint au leur, pour louer Dieu, à jamais, et vous assurant que le chemin du ciel n’est point si malaisé que le monde le fait : «Hardiment, vous disent-elles, très chère amie; qui considérera bien le chemin de la dévotion par lequel nous sommes montées, il verra que nous sommes venues en ces délices, par des délices incomparablement plus souèvesque celles du monde.
Election
1. O enfer, je te déteste maintenant et éternellement; je déteste tes tourments et tes peines; je déteste ton infortunée et malheureuse éternité, et surtout ces éternels blasphèmes et malédictions que tu vomis éternellement contre mon Dieu. Et retournant mon coeur et mon âme de ton côté, o beau paradis, gloire éternelle, félicité perdurable, je choisis à jamais irrévocablement mon domicile et mon séjour dedans tes belles et sacrées maisons, et en tes saints et désirables tabernacles. Je bénis, o mon Dieu, votre miséricorde et accepte l’offre qu’il vous plaît de m’en faire. [...]
2. Acceptez les faveurs que la Vierge et les saints vous présentent; promettez-leur que vous vous acheminerez à eux ; tendez la main à votre bon ange afin qu’il vous y conduise; encouragez votre âme à ce choix.
(Texte repris de "Introduction a la vie dévote" de Saint François de Sales)