Puisque Dieu nous envoie bien souvent les inspirations par ses anges, nous devons aussi lui renvoyer fréquemment nos aspirations par la même entremise. Les saintes âmes des trépassés qui sont en paradis avec les anges et, comme dit Notre Seigneur, égales et pareilles aux anges, font aussi le même office, d’inspirer en nous et d’aspirer. pour nous par leurs saintes oraisons. Ma Philothée, joignons nos coeurs à ces célestes esprits et âmes bienheureuses ; comme les petits rossignols apprennent à chanter avec les grands, ainsi, par le sacré commerce que nous ferons avec les saints, nous saurons bien mieux prier et chanter les louanges divines : « Je psalmodierai, disait David, à la vue des Anges. »
Honorez, révérez et respectez d’un amour spécial la sacrée et glorieuse Vierge Marie : elle est mère de notre souverain Père, et par conséquent notre grand’mère. Recourons donc à elle, et, comme ses petits-enfants, jetons-nous à son giron avec une confiance parfaite; à tous moments, à toutes occurences réclamons cette douce Mère, invoquons son amour maternel, et, tâchant d’imiter ses vertus, ayons en son endroit un vrai coeur filial.
Rendez-vous fort familière avec les anges; voyez-les souvent invisiblement présents à votre vie, et surtout aimez et révérez celui du diocèse auquel vous êtes, ceux des personnes avec lesquelles vous vivez, et spécialement le vôtre; suppliez-les souvent, louez-les ordinairement, et employez leur aide et secours en toutes vos affaires, soit spirituelles soit temporelles, afin qu’ils coopèrent à vos intentions.
Le grand Pierre Favre, premier prêtre, premier prédicateur, premier lecteur en théologie de la sainte Compagnie du nom de Jésus, et premier compagnon du bienheureux Ignace, fondateur d’icelle, venant un jour d’Allemagne, où il avait fait des grands services à la gloire de Notre Seigneur, et passant en ce diocèse, lieu de sa naissance, racontait qu’ayant traversé plusieurs lieux hérétiques, il avait reçu mille consolations d’avoir salué en abordant chaque paroisse les anges protecteurs d’icelles, lesquels il avait connu sensiblement lui avoir été propices, soit pour le garantir des embûches des hérétiques, soit pour lui rendre plusieurs âmes douces et dociles à recevoir la doctrine de salut. Et disait cela avec tant de recommandation, qu’une damoiselle, lors jeune, l’ayant ouï de sa bouche, le récitait il n’y a que quatre ans, c’est-à-dire plus de soixante ans après, avec un extrême sentiment. Je fus consolé cette année passée de consacrer un autel sur la place en laquelle Dieu fit naître ce bienheureux homme, au petit village du Villaret, entre nos plus âpres montagnes.
Choisissez quelques saints particuliers, la vie desquels vous puissiez mieux savourer et imiter, et en l’intercession desquels vous ayez une particulière confiance: celui de votre nom vous est déjà tout assigné dès votre baptême.
(Texte repris de "Introduction a la vie dévote" de Saint François de Sales)