mardi 31 décembre 2019

Discernement vocationnel

Je publie le texte tiré d’une oeuvre intéressante de saint Alphonse Marie de Liguori adressé à une jeune fille en discernement vocationnel:


Sœur bénie, vous délibérez sur l’état de vie que vous devez embrasser. Je vous vois agitée parce que le monde vous veut pour lui en prenant un mari; Jésus Christ vous veut aussi pour Lui pour vous prendre comme épouse en vous faisant religieuse dans quelque monastère observant. Considérez que de cette décision que vous devez prendre dépend votre salut éternel ; c’est pourquoi je vous recommande de prier chaque jour le Seigneur et de commencer a le faire dès que vous aurez lu ce présent écrit pour qu’Il vous donne la lumière et la force de choisir l’état de vie le plus avantageux pour vous sauver, afin que vous n’ayez pas à vous repentir plus tard du choix fait pour toute votre vie et pour toute l’éternité, alors qu’il ne sera plus de remède à l’erreur. Examinez donc ce qui vous est le plus favorable et ce qui peut vous rendre heureuse: avoir comme époux un homme de la terre ou Jésus Christ, Fils de Dieu et Roi du ciel ; réfléchissez qui des deux vous semble un meilleur époux et choisissez celui-là. La sainte vierge Agnès avait treize ans et parce qu’elle était très belle elle était aimée par beaucoup de gens: parmi eux se trouvait aussi le fils du préfet de Rome qui désirait l’épouser. Mais elle, pensant au Christ qui la voulait pour Lui, a répondu à celui-ci : j’ai trouvé un époux qui est meilleur que vous et que tous les rois de la terre ; donc, je ne peux pas l’échanger avec un autre. Et pour ne pas l’échanger elle a préféré perdre sa vie à ce tendre âge et elle est morte contente comme martyre pour le Christ. C'est la même chose qu'a répondu la sainte vierge Domitilla au conte Aurélien qui était un grand seigneur ; elle aussi est morte martyre, brûlée vive pour ne pas quitter Jésus Christ. Puis, examinez les conséquences que subit celui qui choisit le monde et celui qui choisit Jésus Christ. Le monde vous offre des biens de la terre, de beaux vêtements, des honneurs et des plaisirs. Au contraire, Jésus Christ vous présente des flagellations, des épines, des répulsions et des croix, étant donné que ceux-ci ont été les biens qu’Il s’est choisis pour Lui pendant tous les jours qu’Il a vécus sur cette terre ; mais après Ils vous offre deux biens immenses que le monde ne peut pas vous donner, c’est-à-dire la paix du cœur dans cette vie et le paradis dans l’autre. Aussi, avant de décider l’état de vie à embrasser, est-il nécessaire de penser que votre âme est éternelle et qu’après cette vie qui passe vite vous devrez passer dans l’éternité où, une fois entrée, on vous donnera un lieu perpétuel de châtiment ou de bonheur selon celui que vous avez mérité par les œuvres de votre vie. Et qu’après la mort vous habiterez cette maison de vie ou de mort éternelle où vous resterez pour toute l’éternité, ou sauvée pour toujours et heureuse au milieu des joies du paradis ou perdue et désespérée pour toujours au milieu des tourments de l’enfer. Pensez donc que toutes les choses de ce monde vont vite s’achever. Heureux celui qui se sauve, misérable celui qui se damne ! Rappelez-vous toujours de cette grande maxime de Jésus Christ : A quoi servirait à l’homme de gagner le monde entier s’il perd son âme ? Cette maxime a déterminé tant de chrétiens à s’enfermer dans les cloîtres ou à s’enfuir dans les déserts et tant de femmes à quitter le monde pour se donner au Seigneur et faire une sainte mort. Au contraire, considérez le sort misérable de tant de femmes, de tant de princesses et de reines qui dans le monde ont été servies, louées, honorées et presque adorées : mais si ces pauvres dames se sont damnées, à quoi leur servent à l’enfer de si nombreuses richesses, délices et honneurs offerts, sinon pour leur causer de la peine et des remords de conscience qui les tourmenteront pour toujours, pendant que Dieu sera Dieu, sans avoir aucun abri de leur éternelle ruine ? Mais regardons un peu les biens que donne le monde dans cette vie à celui qui le suit et les biens que Dieu offre à l’âme qui pour son amour quitte le monde. Celui-ci promet de grandes choses à ceux qui le suivent ; mais qui ne se rend pas compte que le monde est un traître qui promet et ne tient pas sa parole ? Mais même s’il tiendrait ses promesses, quels sont les biens qu’il offre ? Des biens terrestres. Mais donne-t-il la paix, la vie heureuse qu’il promet? Non, parce que tous ses biens satisfont les sens et la chair, mais ne comblent pas le coeur et l’âme. Notre âme a été créée par Dieu pour L’aimer dans cette vie et jouir de Lui dans l’autre; tous les biens de la terre, tous ses délices et toutes ses grandeurs restent en dehors du coeur, mais n’y entrent pas, car seulement Dieu peut le combler. Salomon appelait tous les biens mondains vanité et mensonge qui ne remplissent pas le coeur, mais l’affligent: Vanitas vanitatum et affliction spiritus. Et, en effet, l’expérience nous montre que plus on a de ces biens, plus on est angoissé et affligé. Si le monde contentait avec ses biens les princesses, les reines qui ne manquent pas de promenades, de comédies, de festins, de banquets, de palais, de carrosses, de beaux vêtements, de précieux bijoux, de servants et de servantes qui les servent et fassent leur cortège, toutes ces dames seraient satisfaites. Mais non ; ceux qui les croient ainsi se trompent : demandez-leur si elles jouissent de la paix, si elles vivent parfaitement heureuses; qu’est-ce qu’elles vous répondront ? Quelle paix, quel bonheur ! Chacune d’elles vous dira qu’elles mènent une vie malheureuse et qu’elles ne connaissent point la paix. Les mauvais traitements qu’elles reçoivent de leurs maris, les troubles causés par leurs enfants, les jalousies, les peurs, les besoins domestiques les font vivre dans de perpétuelles angoisses et amertumes. Chaque femme mariée peut se considérer martyre de la patience : seulement si elle en a ; autrement, elle subira un martyre en ce monde et un plus dur dans l’autre. Quand elle n’aurait aucune autre peine, seuls les remords de conscience suffiront à la tenir toujours dans le tourment, car elle vit attachée aux biens terrestres, pense peu à son âme, fréquente peu les sacrements, se recommande peu à Dieu ; et, privée de telles aides pour bien vivre, elle ne peut pas vivre sans péchés et sans de continuels remords de conscience. Et voilà que toutes les promesses de divertissement faites par le monde deviennent les amertumes et les peurs de leur damnation. Pauvre que je suis ! Dira-t-elle, qu’est-ce qu'il en sera de moi à l’heure de la mort avec cette vie que je mène, loin de Dieu et avec tant de péchés, allant toujours de mal en pis ? Je voudrais me retirer pour faire un peu d’oraison, mais les devoirs de ma famille et de la maison ne me le permettent pas ; je voudrais entendre les sermons, me confesser, communier souvent, frequenter l’église, mais mon mari ne le veut pas; il me manque souvent l’accompagnement nécessaire et les affaires continuelles, le soin des enfants, les visites et tant d’intrigues ne me quittent plus et me tiennent enfermée chez moi. Juste les jours de fête je peux aller entendre une messe. Que j’ai été folle quand j’ai voulu me marier ! J’aurais pu me faire sainte dans un monastère ! Mais toutes ces lamentations à quoi serviront-elles, sinon à agrandir sa peine, voyant qu’il n’est plus le temps de changer le choix qu’elle avait fait de rester dans le monde ? Et si sa vie sera amère, plus amère sera encore sa mort. Alors elle verra autour du lit les domestiques, le mari, les fils qui la pleureront ; mais tout cela ne la soulagera pas, mais l’affligera encore plus; et, ainsi affligée, pauvre en mérites et pleine de tourments pour son salut éternel, elle devra aller se présenter à Jésus-Christ qui la jugera. Au contraire, une religieuse qui a laissé le monde pour Jésus Christ, combien elle sera contente en vivant parmi tant d’épouses de Dieu dans une cellule solitaire loin du bruit du monde et des continuels et proches dangers de perdre Dieu qui s’y trouvent pour celui qui y vit ! Et combien plus elle se trouvera consolée dans la mort pour avoir passé ses années en oraisons, en mortifications et en tant d’exercices de visites au Saint Sacrement, de confessions, de communions, d’actes d’humilité, d’espérance et d’amour envers Jésus Christ. Et bien que le demon ne cesse pas d’attirer son attention vers les défauts de sa jeunesse, l’Epoux Céleste, pour lequel elle a laissé le monde, saura bien la consoler ; et, ainsi, pleine de confiance, elle mourra en embrassant le crucifix qui la conduira au ciel pour vivre dans un éternel bonheur. Soeur bienheureuse, vu que vous devez choisir votre état de vie, choisissez celui que vous voudriez avoir choisi à l’heure de la mort. A cette heure là, chacune verra finie sa présence dans le monde et dira : Oh, si je m’étais faite sainte ! Oh, si j’avais abandonné le monde et m’étais donnée à Dieu ! Mais maintenant ce qui est fait est fait ; il ne me reste plus autre chose que de donner mon dernier souffle et aller entendre Jésus Christ qui me dira : Viens, bienheurese, te réjouir avec moi pour toujours ; ou : Va à l’enfer séparée de moi pour toujours. C’est à vous a présent de choisir : ou le monde ou Jésus Christ. Si vous choisissez le monde, sachez que tôt ou tard vous vous en repentirez. Donc, réfléchissez bien. Dans le monde il y a de nombreuses femmes qui se perdent ; dans les monastères, celles qui se perdent sont rares. Recommandez-vous au crucifix et à la Sainte Vierge Marie pour qu’Ils vous fassent choisir ce qui est mieux pour votre salut éternel. Si vous voulez vous faire religieuse, efforcez-vous encore à vous faire sainte : car si vous pensez vivre au monastère d’une manière relâchée et imparfaite, comme vivent certaines moniales, il ne vous sert pas d’y entrer, puisque vous aurez une vie malheureuse et malheureuse sera aussi votre mort. Puis, si vous avez de la répugnance à la pensée de vous enfermer dans un monastère, je ne puis pas vous conseiller l’état du mariage, étant donné que Saint Paul ne le conseille à personne sauf cas de nécessité absolue, ce qui j’espère n’est pas votre cas ; au moins restez chez vous et cherchez à vous sanctifier. Pendant neuf jours je vous demande de prier Notre Seigneur Jésus-Christ de vous donner la lumière et la force pour choisir l’état qui vous aidera le plus à vous sauver. Priez aussi Notre Dame de vous obtenir cette grâce par sa puissante intercession.

vendredi 27 décembre 2019

Expérience vocationnelle

Une jeune fille m'a écrit pour me raconter son expérience vocationnelle chez les Filles du Coeur de Jésus fondées par la zélée Bienheureuse Marie Deluil-Martiny.


Cher D.,
              Je ne trouverai jamais assez de mots pour te remercier de m'avoir conseillé le couvent des Filles du Coeur de Jésus. Ca a été une expérience extraordinaire qui a allumé un grand feu dans mon coeur. Ces soeurs semblent être des anges blancs sur terre. Elles m'ont accueillie avec beaucoup de disponibilité et d'amour. Cela se voit qu'elles aiment ardemment les Coeurs de Jésus et Marie. Leur prière ne cesse jamais, un hymne continu de louanges jusqu'au plus haut des cieux, sans signe de fatigue mais avec joie et amour. En ces jours, j'ai prié intensément et j'ai demandé au Seigneur quelle voie Il veut que je suive pour L'aimer de plus en plus. Aujourd'hui pendant la Messe, avant de partir, durant le dernier chant d'adoration avec le Très Saint exposé, mon coeur s'est mis à battre la chamade et j'ai commencé à pleurer presque contre ma volonté et j'ai ressenti une émotion indescriptible, à quel point Jésus nous aime, son Coeur bat ainsi pour nous !!!

Encore merci pour toute ta précieuse aide !

Bons baisers dans les Coeurs de Jésus et Marie !!

(Lettre signée)

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Les jeunes qui veulent passer quelques jours de retraite spirituelle dans le monastère de clôture des Filles du Cœur de Jésus de Marseille pour discerner leur propre vocation, peuvent les contacter en écrivant à ces adresses:

Monastère des Filles du Cœur de Jésus
68 Traverse de la Serviane
Les Trois Lucs
13012 Marseille

Tél. 04 91 93 43 46

lundi 23 décembre 2019

Servidoras

Parmi les ordres religieux de qui se développent considérablement, il y a les " Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matará " qui en très peu d'années ont dépassé les 1000 personnes et qui continue de toujours susciter plus d'intérêt chez les jeunes filles attirées par la vie consacrée, il faut garder à l'esprit qu'elles ont environ quatre-vingt-dix novices et postulantes, sans compter les "aspirantes". C'est une croissance exponentielle vraiment extraordinaire. Seul Dieu peut être l'auteur d'un tel triomphe d'amour !

La majeure partie de ces sœurs zélées sont de vie active, mais elles ont aussi quelques monastères de clôture dans lesquels on trouve une vie contemplative.

Le Père Carlos Miguel Buela, leur Fondateur, a réussi à transmettre à ces sœurs un esprit "apostolique" et "missionnaire" grâce à qui elles ont été facilement "contaminées". Parmi les "Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matará" je note leur "soif" du salut des âmes qu'avaient Saint Ignace de Loyola et Saint Alfonse de Liguori.

A la différence des autres ordres religieux qui n'acceptent pas les jeunes filles qui ont plus de 35 ans, les "Servidoras" (diminutif espagnol des " Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matará ") acceptent les candidates de tous âges, du moment qu'elles aient des signes concrets d'une vocation. Les filles qui n'ont pas réussi à trouver un bon directeur spirituel peuvent également faire une expérience vocationnelle dans leur noviciat où elles seront aidées de la maitresse des novices à faire un discernement sain.

Autrement, il est possible de trouver un bon guide spirituel parmi quelques uns des nombreux prêtres de la branche masculine de l'Institut du Verbe Incarné, qui ont reçu une bonne préparation doctrinale et spirituelle.

Celles qui désirent embrasser la vie consacrée dans cette famille religieuse, en plus des vœux de pauvreté, chasteté et obéissance, doivent également faire un quatrième vœu de servitude mariale selon l'enseignement de Saint Louis Marie Grignon de Montfort. Ce vœu consiste en un esclavage maternel d'amour avec lequel on se donne totalement à Jésus par le biais de Marie.

Il est enthousiasmant de constater le zèle apostolique de ce jeune ordre religieux, j'espère que le Seigneur veut continuer à les inonder de nombreuses vocations. Il y a beaucoup besoin d'âmes qui se dédient à l'apostolat, non seulement sur les terre des missions, mais aussi dans notre chère Italie toujours plus sécularisée et esclave du néo-paganisme matérialiste.

Celles qui veulent faire une expérience vocationnelle chez les Servidoras ou qui veulent simplement demander des informations sur la vie consacrée peuvent écrire à l'e-mail suivant : c.mariamagdalena@servidoras.org


jeudi 19 décembre 2019

Ne refuses pas la vocation

Il y a longtemps que j’ai réçu une lettre d’une jeune fille qui, les larmes aux yeux, a senti le besoin de lancer un appell affligé:

Cher frère en Christ,
                                   je vous écris afin que mon témoignage puisse servir à toutes les jeunes filles qui se sentent appelées à la vie religieuse. Je suis une jeune fille de vingt ans et, à défaut de mon âge , j’ai vécu très intensément, et si je pouvais retourner en arrière, je revivrais chaque instant de ma vie. A douze ans, j’ai commencé, presque par hazard, à frequenter un ordre de clôture étroite qui m’a emmenée à aimer sans mesure le Christ et son Ėglise. Quand j’etais petite, j’ai toujours pensé qu’un jour je me donnerais au Christ…au sein de celle que j’appellais ma vraie maison, c’est –à- dire dans quelque couvent de mon ordre préféré et il est inutile de dire que mes parents ne m’ont jamais donné la permission d’entrer au couvent et que jai anxieusement attendu le jour de mon dix-huitième anniversaire. Lorsque on était en train de preparer la fête de mon anniversaire, moi, dans mon for intérieur, je préparais mon âme à se donner à l’Ėpoux Bien-Aimé. Quelques mois après, je partis en disant à mes parents que cette retraite spirituelle n’aurait pas été comme les autres et que tôt au tard je serais retournée…Je commençai mon chemin sous la direction des moniales saintes et fidéles à l’ordre et à la observance, des personnes qui donneraient leur propre vie afin de rester fidèles à leur profession. J’avais une joie qui dérivait de moi-même et que personne-pensai –je-pouvait jamais m’ ôter. Bien-sûr, il y aurait des difficultés, mais les problèmes existent même dans l’amour entre deux creatures. De bonne heure, mes parents sè rendirent compte que cette retraite n’aurait pas eu de retour. Très affligés, ils vinrent me voir et, désespérés, les larmes aux yeux, ils me supplièrent de retourner…Je retournai chez moi, dans l’espoir de tôt revenir. Et il se passa comme ça. Quelques semaines après, je retournai au même ordre, mais au sein d’une étroite clôture. Je parle des Clarisses de l’ Immaculée que vous- mêmes vous citez dans votre blog. Jamais de la vie, j’avais senti una joie si grande et je suis sûre que je ne la sentirai plus. Tout en vivant derrière ces grilles, je me sentais libre. Il est difficile à croire, mais il était bien cela. Pour moi, il s’agissait de l’antichambre du Paradis. Même à présent, je ferais n’importe quoi, pour y retourner. Je vous écris les larmes aux yeux et la mort au coeur, je vous en prie: encouragez chaque personne à ne pas abandonner la voie de la consécration au Christ, parce que- croyez- moi- on meurt vraiement. O présent, je suis engagée, je vis dans une famille aisée, j’ étudie et je ne manque de rien…poutant- je vous le dis- je manque de tout. Je donnerais ma propre vie pourvu que je puisse retourner en arrière de quelques ans, mais il est malheureusement impossible, et sûre de ça, je continue a survivre en espérant d’avoir encore un minimum de joie. Je vous en prie- au nom du Christ et de la Sainte Vierge- faites l’impossible, mais encouragez et aidez ceux qui ont la tentation d’abandonner, ditez- eux que la joie se trouve seulement sur la voie que le Christ a choisi pour nous.
Merci bien pour votre blog.

Chère soeur en Christ,
                                      tutoye-moi (je le préfère).

Je te remercie pour ton témoignage que je crois utile aux personnes hésitantes pour l’ état de vie à choisir.

Pourtant, dans ta lettre, j’ ai remarqué un peu de découragement. Ma chère, chaque chrétien doit espérer en Dieu, il ne doit donc rien craindre, et la joie spirituelle doit toujours habiter son âme. Es- tu sûre de ne plus pouvoir embrasser la vie religieuse parmi le Clarisses de l’ Immaculée ou bien dans quelques autres ordres religieux? Et si, par hazard, Dieu veut que tu sois une nouvelle Zélie Guérin (la mère de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus)? En tout état de cause, tu ne peux pas vivre de regret tout le rest de ta vie. Confie- toi à la Médiatrice de toutes le grâces et tu verras qu’ on trouvera une solution. Si tu m’ écriras encore par l’avenir, j’ espére de tout mon Coeur, de te sentir l’ âme heureuse et pleine de joie spirituelle.

Je tiens beaucoup au salut éternel de ton âme, car tu as été payée cher par le Christ cloué sur la Croix. Confie toujours dans Jésus et Marie!

Je t’ exhorte à accomplir la volonté de Dieu sur toi et je te salue fraternellement en Cordibus Jesu et Marie.

Cordialiter

dimanche 15 décembre 2019

Aimôns l’amour !

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

Novembre 1875.

Aimez bien Jésus qui vous a aimée jusqu’à la pauvreté de la Crèche, jusqu’à l’humilité de Nazareth, jusqu’au dénûment du désert, jusqu’à l’excès de la sainte Cène, jusqu’à l’agonie du Jardin, jusqu’à la honte du Prétoire, jusqu’aux tourments de la flagellation et du couronnement d’épines, jusqu’au martyre de l’adieu à sa Mère, jusqu’au supplice de la Croix, jusqu’à la soif brûlante de sa dernière heure, jusqu’à son délaissement de l’agonie, jusqu’au dernier soupir de son Coeur, jusqu’au coup de lance et à l’épuisement de son Sang par cette Blessure sacrée ! Ah ! aimez ! aimez !

Or, aimer c’est se donner; aimer c’est se livrer ; aimer c’est se sacrifier; aimer c’est s’enchaîner à ce que l’on aime; aimer c’est brûler; aimer c’est se consumer ; aimer c’est ne rien refuser ; aimer c’est tout abandonner à l’amour aimer c’est avoir une si ardente soif de voir aimer ce que l’on aime, que rien ne coûte pour l’obtenir ; aimer c’est chercher partout mille vies, mille coeurs pour les sacrifier et les embraser, et pour les jeter en trophée sous les pas du Bien-Aimé vainqueur.

O amour, amour! ô feu brûlant! qu’est-ce que mille vies pour vous les sacrifier, qu’est-ce que mille coeurs pour vous les consacrer? Ma fille, aimons Celui qui nous a tant aimées ! O Jésus, élargissez nos coeurs, étendez notre capacité d’amour, et pour cela élargissez notre capacité de souffrir, de nous sacrifier, de nous humilier, de descendre dans notre néant, de nous baigner dans vos douleurs, afin d’être unies un jour à votre triomphant amour au Ciel !

Aimôns l’amour !

[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]

mercredi 11 décembre 2019

Vie religieuse

Une fille m'a envoyé le témoignage suivant.

Je suis une polonaise de 29 ans. Aujourd’hui j’ai la grâce et la joie de vivre dans la maison de Jésus dans la congrégation des Filles du Cœur de Jésus en Venise (Italie). Avec chaque jour qui passe je m’étonne, pleine d’admiration, à voir combien Jésus a été bon avec moi et comme Il continue de l’être. Depuis plusieurs années j’avais le désir ardent de vivre seulement pour Lui, gardant pour Lui mon cœur, sans le partager. Dans le monde, je menais une vie normale, essayant de Lui être toujours proche par la prière et l’adoration, mais je ne voyais pas clairement ma place dans ce monde, je me demandais le mode de vie qui me serait le plus convenable. J’en étais un peu préoccupée, je me sentais même perdue, mais ma confiance en Jésus etait ma force et ma paix. Je portais dans mon cœur le désir d’être proche de Jésus Eucharistique et de connaitre de mieux en mieux la mystérieuse vie eucharistique qui m’attirait, elle étant le principal sujet de mes méditations. A un certain moment de ma vie, mon cher Jésus a usé de certaines personnes et circonstances pour me faire connaitre son projet de bonheur pour moi. Ainsi, j’ai connu le monastère des Filles du Cœur de Jésus et je me suis retrouvée dans leur spiritualité: aimer, consoler le Cœur de Jésus, réparer toutes les offenses qui Lui sont faites, m’unir au Jésus Victime à chaque Messe et tout cela par l’intermédiaire de la Vierge Marie, en étant étroitement unie à son Cœur Immaculé. Etre ensemble avec Jésus pour le Père en priant, en souffrant, en réparant, en aimant et en intercédant pour les pécheurs, demandant leur salut, voilà le programme des Filles du Cœur de Jésus, le but de leur vie et existence. Je suis depuis peu de temps dans le monastère, mais déjà dès mon arrivée ici j’ai expérimenté le soin pour Jésus et je l’expérimente chaque jour d’une façon qui m’impressionne beaucoup et il ne me reste plus d’autre chose à faire que L’aimer toujours plus, contempler sans cesse Sa bonté et Son délicatesse et premièrement Son amour pour moi, en voulant S’offrir à moi de cette façon. Il m’a volée, m’a tirée du jardin du monde pour me planter dans Son jardin clos, ensemble avec d’autres fleurs qui Lui appartiennent et en ayant soin de moi. Les Filles du Cœur de Jésus m’ont fascinée par leur grande fidélité envers l’esprit de leur fondatrice, la bienheureuse Marie de Jésus Deluil-Martiny, ses enseignements et ardentes pensées étant vécus et observés chaque jour, même dans les plus petites choses. Le silence, la modestie, le recueillement, l’esprit de prière édificateur nous permettent de rester toujours proches du Cœur de notre cher Rédempteur qui est ici notre joie, force et bonheur qui ne passent pas, mais qui sont à découvrir et à amplifier. Chaque jour est différent, malgré les mêmes prières, les activités et le travail. Ils apportent toujours quelques chose de différent, par exemple nous nous édifions par une pensée pieuse ou par les mots du sermon d’un prêtre. Ici, le cœur de la vie des sœurs et la Sainte Messe célébrée chaque matin; elle nous fortifie et nous prépare à accueillir une nouvelle journée. Le Saint Sacrement reste exposé depuis le matin et jusqu’au soir et chaque Fille du Cœur de Jésus a l’aimable devoir d’adorer Jésus selon un programme déjà établi. Chaque adoration est une nouvelle rencontre avec Lui et de cette manière nous Le servons par notre présence et devant Lui nous recevons de la lumière, de la paix et du courage, spécialement quand apparaissent les difficultés. Il est notre Médecin et Conseiller. Les Filles du Coeur de Jésus ont comme saints patrons qui les protègent d’une manière spéciale la Sainte Vierge Marie, saint Joseph, le saint Archange Michel et la bienheureuse Marie de Jésus Deluil-Martiny. Ici nous expérimentons leur aide et c’est pourquoi nous sommes pleines de confiance, paix et joie dans la Divine Providence et dans l’aide de nos amis du ciel.

Je dois remercier Jésus d’avoir pensé à moi pour partager Sa vie cachée!

(Lettre signée)

samedi 7 décembre 2019

Confession

L’ennemi de l’humanité cherche à éloigner les âmes de Jésus, en mettant des craithes absurdes, comme par exemple une peur exagérée de se mal confesser. Voilà l’extrait d’une lettre d’une jeune fille:

Un problème parmi les plus importants pour moi, est que je ne sais pas si je fais tout correctément, si je me confesse bien, si je bien reçois la Communion, si je prie bien…et cette incertitude fait que j’évite la Communion, la prière, etc…Si j’étais sûre en avance que le Signeur est content de ma confession, je courerais. Cependant, je m’arrête a un Dieu- Amour, qui m’appelle, peut-être, à me consacrer à Lui, mais j’ai peur de m’approcher à Lui. Pries pour moi, afin que le Seigneur me donne le courage de faire ce qu’ Il attend de moi.
Chère soeur en Christ,
                                     il y a beaucoup de mois qu’on s’écrit des e-mail, je suis content que pendant ce temps, tu as persévéré dans ton chemin spirituel et dans le discernement vocational. Tu ne dois jamais te rendre, mais il faut toujours avancer dans le chemin de perfection chrétienne. Ne t’inquiètes pas trop des péchés commis, car le Signeur est miséricordieux et nous pardonne volentiers lorsque nous nous confessons avec un repentir sincère. Aucune fille n’est digne d’être l’épouse de Jésus, car Lui, Il est Dieu, par contre nous tous, enfants d’ Ève, nous sommes pécheurs. Quand le Seigneur accorde à quelqun le don de la vocation réligieuse, Il ne le fait pas sur la base des mérites, mais pour amour. Si tu deviendras réligieuse (je l’ espère vivement), ce ne sara pas pour tes mérites, mais simplement parce que Jésus l’a voulu, car Il est bon. Le diable ne veut pas que tu vives chrétiennement, et c’ est pourquoi il cherche à t’éloigner de Jésus, en te faisant tomber dans la tristesse et le découragement. Quand une personne est découragée et démoralisée, il est facile pour le diable l’éloigner de la prière et de la Communion. Tu ne dois pas tomber dans ce piège. Tu ne peux plus vivre sans Jésus, parce que quand ton amour pour Lui est froid, il y a beacoup de douleur dans ton coeur tu dois beaucoup aimer Jésus, mais il y a beaucoup de distractions et tentations dans le monde; c’est pourquoi, j’espère tant que tu puisses entrer dans un monastère. Là, il sera facile pour toi de vivre le christianisme avec ferveur, là tu ne pourras que penser à aimer Dieu de tout ton coeur, sans te distraire avec les choses inutiles de la terre. Tu dois chercher à vivre ta foi joieusement et éloigner toutes les craintes inutiles. Il faut prier chaque jour, sans craindre de “prier mal” ,l’important est ne pas se distraire volontairement au cours de la prière. De plus, il serait bon de dialoguer avec Jésus et Marie. Oui, tu peux parler fraternellement avec eux, en racontant tes problèmes, tes souffrances, tes désirs, mais surtout en leur disant que tu les aimes et que tu veux les aimer pour le reste de l’éternité, etc. Saint Alphonse a écrit un livret très joli qui explique la manière dont il faut dialoguer avec Dieu. Pour ce qui concerne la confession, tu ne dois pas craindre; l’important est être repenti des fautes commises, puis il suffit de ne confesser que les péchés mortels, mais, si tu veux, tu peux confesser même les péchés véniels. Pour commettre un péché mortel, il faut que tu raisonnes de telle façon: “Ce que je suis en train de faire est une faute grave qui offense beaucoup Dieu, j’en suis pleinement consciente et j’y consense pleinement”. Si tu ne sais pas qu’une chose est une faute grave, ou bien si tu n’avais pas la pleine conscience ou tu n’as pas totalement consenti avec ta volonté, tu peux être sûre de ne pas avoir commis des péchés mortels. De toute façon, si ton confesseur est un bon prête, tu peux lui raconter tes doutes de conscience et il aidera à comprendre s’il s’agissait de péchés mortels, péchés véniels ou même de simples scrupules. Le diable ne veut pas que tu fasses la Communion, parce que de telle façon tu te lies totalement à Jésus. Il devient tout à toi, et tu deviens toute à Lui. Quand Jesus est en toi, tu dois Lui dire des mots d’amour, tu dois Lui dire que tu L’aimes et que tu veux L’ aimer encore plus parce qu’Il le mérite; tu dois Lui dire que tu es disposée a Lui donner ta vie, que tu ne veux aimer que Lui, que tu veux que toutes les âmes L’aiment, qu’Il règne sur tous les coeurs des hommes, que toutes les âmes se sauvent et aillent au Ciel pour l’aimer à jamais; tu dois Lui dire que tu préfères mourir plutôt que commettre même un seul péché de pleine conscience. Après ta confession, tu peux continuer à recevoir la Communion jusqu’à quand tu n’es pas sûre d’avoir commis un péché mortel. Les théologiens einsegnent que si tu doutes d’être en état de grâce ou bien de péché mortel, tu peux recevoir la Communion, mais il est bon de réciter avant tout et de tout ton coeur, un “acte de contrition”, c’est- à- dire une prière dont tu demandes pardon à Dieu de toutes les fautes, non tant pour avoir merité ses punitions, mais surtout parce que tu as offensè Lui, Il qu’est infinimment bon et digne d’ être aimé au de là de tout chose. En te communiant, tu éloigneras les scrupules, mais surtout tu éloigneras la tentation du diable qui veut que tu ne t’approches pas à la Communion, c’est- à- dire à Jésus. La Communion te donnera la force de résister aux tentations, et te donnera une ferveur plus grande dans la prière et t’ allumera de charité vers Dieu et vers ton prochain. J’ espère avoir été utile, dans quelque mesure, mais je reste à ta disposition pour d’autres explications.

En Jésus et Marie,
Cordialiter

mardi 3 décembre 2019

Si une fille n'est pas vierge peut devenir une moniale?

Quelques-uns pensent que pour devenir frère ou sœur (épouse du Christ) il est nécessaire d’avoir garde le lis de la virginité depuis l’enfance. En réalité, même ceux qui ont connu le péché peuvent entrer au monastère s’ils s’en repentent et sont absolument décis de ne plus pécher. Ecoutez l’histoire d’une des maitresses de Gabriel D’Annunzio. Alessandra di Rudini est née à Naples en 1876. Son père était maréchal et un homme politique connu (il a été même Ministre d’Affaires internes et Chef du gouvernement). Elle a eu une enfance ,,vivace” et à cause de son manque de discipline elle a été chassée du collège. Elle vivait dans un milieu rationaliste et c’est pourquoi sa foi a beaucoup fléchi. Elle pensait que le christianisme était seulement un phénomène social-politique. Puis, en lisant les idées de Renan, sa foi s’est écroulée complètement. Elle était vue comme une jeune fille très jolie et de nombreux hommes avec une bonne condition sociale ont voulu l’épouser. Parmi ceux-ci se trouvait le maréchal Marcello Carlotti avec lequel elle a accepté de se marier et, ainsi, ils ont eu deux enfants. Pourtant, peu après le mariage elle est restée veuve. Elle avait seulement 24 ans et, étant donne sa beauté et sa jeunesse, il n’eut pas été difficile de trouver un autre mari. En 1903 elle a connu Gabriele D’Annunzio, un poète célèbre qui séduisait beaucoup de femmes. Premièrement il les séduisait et puis les abandonnait et choisissait une autre fille malheureuse. D’Annunzio a fait des avances à Alessandra, qui, dans un premier temps l’a refusé, mais à la fin elle a cédé et ils ont décidé de vivre ensemble ,,comme les époux”, dans le manoir du poète. Ceci est un péché grave contre le sixième commandement, qui interdit les rapports sexuels entre les personnes non-mariées. Mais la Vierge Marie, comme une mère attentive, veillait sur elle, et le Bon Dieu lui a envoyé un châtiment salutaire. Dieu est l’amour infini, et quand Il envoie une croix Il la fait pour notre bien, c’est-à-dire pour un bien encore plus grand. Ainsi, Alessandra est tombée gravement malade et courait le danger de mourir sans avoir reçu les derniers sacrements. Quand elle est guérie, D’Annunzio l’a quittée. Apres la maladie, la jeune marquise n’était plus aussi belle qu’avant et le poète était déjà amoureux d’une autre femme. Voilà combien fragile est l’amour mondain et avec quelle rapidité il change! Alessandra a beaucoup pleuré son amour perdu, mais immédiatement elle s’est rappelé que son amour n’était que vanité: ,,vanitas vanitatum et omnia vanitas” dit la Sainte Ecriture. Après une longue période de recherches, elle s’est sentie attirée d’un Homme spécial, le meilleur des hommes, Celui qui ne trahit jamais: Jésus-Christ, le Roi du Ciel. Apres s’être consultée avec son directeur spirituel et pris contact avec les sœurs, elle est entrée dans un monastère de clôture en France, où elle a reçu comme religieuse le nom de Marie de Jésus et a vécu sa vocation d’une manière exemplaire. Les pécheurs scélérats qui se convertissent sincèrement à Dieu, en général deviennent des apôtres zélés de l’Evangile. Ainsi, sœur Marie de Jésus a été choisie prieure du couvent et s’est révélée d’être une bonne supérieure, en fondant d’autres monastères en France. Elle est morte en odeur de sainteté dans le mois de janvier de l’année 1931, heureuse d’avoir quitté le monde qui l’avait trahie et de s’être consacrée au Bon Jésus. Gabriele D’Annunzio ne pouvait pas remplir de joie et de paix le cœur d’Alessandra, qui était créé pour aimer Dieu et seulement en Lui elle a pu trouver son bonheur. ,,Inquietum est cor nostrum”, notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il ne se repose pas en Dieu.

vendredi 29 novembre 2019

L’esprit de l’Œuvre, c’est l’union à l’immolation incessantes de Jésus-Christ

[Dans les écrits de la Bienheureuse Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice des Filles du Coeur de Jésus]

Ma bien chère Fille,
                                Comme Notre-Seigneur prend soin de votre petite âme au milieu de toutes vos faiblesses! Mais, c’est un soin douloureux pour votre pauvre nature, qu’il faut réduire à céder la place, à mourir sous les coups de la grâce, et à laisser vivre en vous Jésus seul. Soyez calme, généreuse, abandonnée; et laissez faire Notre-Seigneur. Seulement, étudiez-vous à ne lui rien refuser, parce que plus vous tergiverserez, plus le travail de destruction sera long. Courage!

Vous me décrivez toutes vos agonies intérieures, et vous en concluez que vous vous éloignez de l’OEuvre, et que vous n’en prenez pas l’esprit. Pensez-vous que l’esprit de l’Œuvre soit l’ardeur et la joie sensibles?... Ma pauvre Enfant, l’esprit de l’Œuvre, c’est l’union à l’immolation et à l’oblation incessantes de Notre-Seigneur Jésus-Christ; Punion aux douleursinté rieures de son Coeur Sacré, en particulier. Ce Coeur, pendant la vie mortelle de Notre-Seigneur, ne cessa pas d’être broyé, angoissé, immolé sans limites. Voilà le modèle; voilà la part de nos âmes. Aussi, l’immolation intime du coeur, de l’âme, de l’esprit, le martyre intérieur, les agonies, les sécheresses, etc., etc., tout cela doit être accueilli par nous comme une part d’héritage qui nous est échue; nous devons unir le calice de nos angoisses à celui du Sang de Jésus et les offrir ensemble pour les fins de l’Œuvre. [..]

Comment seriez-vous une vraie Victime, si vous étiez sans cesse portée par les ardeurs sensibles, par les consolations et les joies senties? ... Ce n’est pas ainsi que s’apprend la grande science de l’immolation; aussi, Notre-Seigneur, qui [seul] veut vous remplir de cette science, vous mène par le bon et sûr chemin. Chaque matin, montez au Calvaire par un élan du coeur, pour y être immolée avec Notre-Seigneur [...] Que Jésus et Marie vous soutiennent et vous bénissent (2 mars 1873, Le 188-189).

[René Laurentin, "Marie Deluil-Martiny. Précurseur et martyre béatifiée par Jean-Paul II. La sainte de Marseille.", Fayard, Paris 2003]

lundi 25 novembre 2019

Entrer au monastère

Pour entrer dans un ordre religieux il est nécessaire d’avoir la vocation qui, bien plus qu’un sentiment ou une attraction sensible, consiste principalement dans la juste intention de celui qui aspire à la vie religieuse. Qui veut devenir frère ou sœur pour la noble raison de se consacrer au service de Dieu et au salut des âmes, en vivant avec ferveur la Règle monastique, celui-ci prouve avoir les signes d’une vocation sincère. Donc, que faut-il faire pour nous assurer que le désir d’une vie plus parfaite vient de Dieu lui-même? C’est important que cette personne-là parle avec un bon directeur spirituel, mais il n’est pas facile d’en trouver un, c’est pour cela que je conseille les gens qui n’ont pas ce guide de contacter directement un ordre religieux de stricte observance, en demandant de faire pendant quelques jours un discernement spirituel. Attention, l’ordre religieux doit être de stricte observance, c’est-à-dire qu’il vive avec ferveur la vie religieuse, autrement on court le danger de perdre la vocation, comme ceci est arrivé à d’autres. Encore, la discrétion est très importante, on ne doit pas révéler pour le moment ce désir aux amis et aux parents (sauf si ceux-ci sont des catholiques pratiquants), car souvent les parents deviennent les plus grands ennemis de la vocation de leurs enfants. Par conséquent, s’ils vous demandent le motif pour lequel vous voulez passer quelques jours dans un monastère, dites-leur que vous voulez faire une retraite pour le bien de votre âme (ce n’est pas un mensonge, c’est seulement une restriction mentale qui ne constitue ni même un pèche véniel). Durant ces quelques jours de discernement (par exemple une semaine) vous allez rencontrer des personnes qui vous aideront à apprendre si vous avec véritablement une vocation religieuse. Chers amis, que vous dire de plus? Courage! Pour entrer dans un couvent il est nécessaire d’avoir beaucoup de courage pour pouvoir supporter les adversités et rompre les liens avec le monde. Quelques-uns, même s’ils ont la vocation, n’ont pas la force de quitter les biens matériels et les autres vanités dont la vie séculaire est pleine. Si votre vocation est véritable, comme je l’espère, si vous allez entrer dans un bon ordre religieux, vous allez être plein de reconnaissance pour le Seigneur qui vous l’a offerte. Il est Le seul qui puisse donner cette paix intérieure si difficile de trouver dans le monde, où il y a tant de préoccupations et de distractions mondaines.

jeudi 21 novembre 2019

L'amour n'est pas aimé!

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

« O mes sœurs, l'amour n'est pas connu, l'amour n'est pas aimé ! Quand j'ai vu la haine du monde pour le Dieu qui est amour... les mépris et les outrages du monde pour Celui à qui toute puissance appartient au Ciel et sur la terre... quand j'ai vu l'armée de Satan dévaster le champ des âmes pour lesquelles mon Maître a déversé son sang, « mon cœur s'est fondu comme la cire au-dedans de moi-même. », et comme « l'amour désire faire plus qu'il ne peut, et qu'il croit que tout lui est possible et permis, » j'ai osé demander au divin Amour de se former une petite légion de Vierges qui soient des Séraphins de la terre : d'âmes prêtes à la souffrance, ardentes au dévouement, que l'obéissance seule, guidée par la prudence qui appartient à l'autorité, puisse arrêter dans la voie du sacrifice, d'âmes livrées et abandonnées à son action divine, en qui ses desseins de miséricorde se réalisent pleinement ; d'âmes eucharistiques, réparatrices et apostoliques ; d'âmes hosties, unies à Lui, transformées en Lui, offertes et sacrifiées par Lui, avec Lui et pour Lui, consommées en Lui, qui ne vivent plus, mais dans lesquelles il vive, et dont la vie soit cachée avec Lui, en Dieu ; des hosties vivantes, dans lesquelles il achève en quelque sorte sa passion, et dont il dispose selon son bon plaisir... dans l'intérêt de sa gloire. »

« Les sectes n'enseignent que la poursuite de la jouissance des sens, le matérialisme, l'égoïsme le plus révoltant ; nous leur opposerons la poursuite de l'abnégation la plus entière, la vigueur de la perfection intérieure et une mortification continuelle ne toutes choses, autant que possible ; un généreux amour de la Croix ; l'esprit de sacrifice, l'esprit d'union à Jésus immolé, qui est l'esprit même du Christianisme ; l'exquise pureté et les chastesdélicatesses de la virginité ; l'oubli de nos intérêts propres ; et le sacrifice total de nous-mêmes pour la plus grande gloire de Dieu. »

dimanche 17 novembre 2019

Témoignage d'une vocation

Une étudiante à une université de Naples a vécu tranquille jusqu’à l’âge de 21 ans, mais quand elle est devenue la fiancée d’un jeune homme, elle a commencé à se disputer avec ses parents. D’un ange de la maison, elle s’est transformée dans une vipere prête à mordre tout le monde. Elle se sentait malheureuse, pleurait beaucoup et considerait tous comme ses ennemis, spécialement Dieu qui est la Bonté infinie. Et, ainsi, elle a chassé Dieu de sa vie, mais Il ne l’a pas oubliée et lui a tendu un piege pour l’attrapper. Sa mère s’est decidée d’aller dans la Terre Sainte pour un pèlerinage et a reussi à convaincre sa fille de l’accompagner. Dans le groupe de pèlerins il y avait aussi des frères et des soeurs de stricte observance. Au début, la jeune rebelle avait une attitude hostile envers ces personnes consacrées, elle leur disait des mots durs, mais en voyant leur comportement édifiant et leur manière fervente de prier, elle a changé d’avis, a medité la Passion de Jésus-Christ et, repentie du mal qu’elle avait fait, la jeune a reçu le sacrement de la Réconciliation dans la Basilique du Sacré Tombe de Jérusalem. Une soeur lui a même indiqué un prêtre avec lequel elle puisse parler, qui est devenu après son père spirituel. Toutefois, la jeune n’était pas encore complètement offerte, car elle vivait une vie chrétienne pleine de compromis et de contradictions.

Le changement s’est produit durant un pèlerinage à Fatima, quand elle a décidé d’avoir un comportement plus cohérent. Revenue en Italie, elle a demandé à son père spirituel de la préparer, elle et son fiancé, au mariage. Entre temps, elle a pris la resolution de réciter tous les jours le Rosaire, a changé sa façon de se vêtir, ne se maquillait plus et ne fréquentait plus les discothèques. Ce changement lui a causé de nombreux problèmes avec sa famille, c’est pourquoi elle s’est décidée de s’instaler dans le couvent des soeurs qu’elle avait connues dans la Terre Sainte, dans le but de mieux poursuivre ses études universitaires.

La jeune fille n’avait aucune intention de se faire religieuse, mais son père spirituel lui a lancé cette idée. En vivant dans le couvent des soeurs, elle a commencé à participer à la vie communautaire et à la priere commune et au lieu d’étudier, elle lisait les vies des saints. Elle a commencé à sentir pour la première fois l’appel à la vie religieuse, mais elle a essayé d’etouffer la voix de son coeur. Elle en a parlé avec son père spirituel, qui lui a confirmé ses peurs: c’etait vraiment une vocation religieuse. C’est pourquoi la fille a quitté le monastre, ne voulant plus entendre parler de vocation, et s’est dédiée aux derniers preparatifs pour le mariage, afin d’empêcher le Seigneur de se mêler dans ses plans. Pourtant, tous ces préparatifs, au lieu de la rendre heureuse, la tourmentaient. Tout le monde s’en est rendu compte, mais elle ne voulait pas admettre que la vie de prière avec les soeurs et le rapport intime avec Jesus lui manquaient, car ils etait devenus indispensables comme l’air. Entre temps, sa chambre ressemblait à une cellule monastique.

Le jour de son anniversaire elle a reçu un coup de fil des soeurs, qui l’ont invitée à passer quelques jours chez elles. La fille a accepté avec joie, car son coeur était attiré par la vie religieuse. Elle est partie avec l’idée d’y rester quelques jours, mais elle ne s’est plus retournée. Jesus l’appelait et elle etait fatiguée de lutter, de résister et de fuir. Ainsi, elle s’est rendue à l’amour du Rédempteur et a appelé ses parents et son fiancé pour leur communiquer sa décision d’embrasser la vie consacrée. Avec Jésus et Marie, son coeur était finalement heureux.

mercredi 13 novembre 2019

Aimez Jésus, ma fille, sacrifiez-lui toutes choses

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

1er avril 1876.

Votre lettre du Précieux Sang m’arrive, avec celles de toutes vos soeurs. Vous ne sauriez croire le baume que vous mettez sur tant de plaies rouvertes, béantes, saignantes, que l’épreuve actuelle à ravivées en mon coeur. Souffrir pour Jésus et pour vous, c’est-à-dire pour le règne de Jésus en vous, et vous savoir infidèles, lâches, déserteuses de sa sainte cause, vous comprenez que ce serait le martyre. Hélas ma fille, ce martyre-là, nous l’avons fait endurer au Coeur de Notre-Seigneur !...

L’inutilité de ses souffrances pour les pécheurs obstinés, et même pour nous, misérables, nous les Filles de son Coeur, nous ses Epouses; l!inutilité de son Sang versé à flots; la perte des âmes malgré sa mort douloureuse ; les dédains de ses plus aimés, malgré toutes ses agonies ; voilà le martyre des martyres pour Notre-Seigneur. — Et nous le lui avons infligé! Chaque grâce repoussée, c’est une goutte du Sang de Jésus foulée aux pieds, c’est une tendre avance de son amour méprisée !

Aussi, en assistant par anticipation au triste spectacle de nos ingratitudes, de nos infidélités, de nos dédains, de nos insouciances, son âme a été triste jusqu’à la mort, ainsi qu’il l’a dit lui-même.

Venez, ma chère fille, allons le dédommager et le consoler ; si beaucoup rendent inutile son sang répandu, nous, allons le recueillir et l’offrir ; si beaucoup l’insultent sur la Croix, nous, bénissons-le et laissons-nous clouer avec lui à ce bois sacré; si beaucoup le blasphèment, nous, baisons ses plaies adorables; si beaucoup le trahissent, nous, serrons-nous autour de lui, et par une fidélité sans réserve, dédommageons-le des injures des uns, des résistances des autres, de la haine du monde et des froideurs du grand nombre. — Quelle mission, ma fille, quel honneur et quels devoirs ! Avec la grâce, disons mille fois, car avec elle tout est possible « Plutôt mourir que de trahir ! »

Vous comprenez donc, mon Enfant, que souffrir pour Jésus en vous et vous savoir fidèles, dévouées, fermes au devoir, désireuses du bien et persévérantes, c’est l’adoucissement à toutes les douleurs ; c’est voir la fleur et espérer le fruit, sur un arbre qui coûte des peines inouïes à cultiver, émonder, arroser, et à qui Dieu donne l’accroissement.

Que Notre-Seigneur vous bénisse toutes pour votre fidélité à me procurer cette satisfaction.

C’est Jésus lui-même qui paiera le peu que je vous donne Comment ! il a donné son Sang pour vous, mon Enfant; et moi, sa pauvre servante, je ne donnerais pas un peu de ma souffrance et du sang de mon coeur pour votre âme qu’il a rachetée ?...

Un coeur de plus qui l’aime, ce doux Jésus, une âme de plus qui se consacre à Lui et qui le glorifie, une bouche de plus qui le confesse et qui le chante, un esprit de plus qui le contemple et se remplisse de Lui ; et plus tard, un jour au Ciel, si vous êtes fidèle jusqu’à la fin, un petit Séraphin qui brûle pour Lui pendant l’Eternité entière.., vraiment, ma fille, cela vaut la peine de verser son sang jusqu’à la dernière goutte. Et si c’est là une folie, selon le monde, je vous prie de remarquer que Jésus-Christ m’en a donné le premier l’exemple ; c’est la même folie qui a précipité le Verbe divin sur la terre, si l’on peut se servir de cette expression ; c’est Ja même folie qui l’a anéanti à Nazareth, qui l’a couvert de sang au Jardin des Olives, qui l’a tué au Calvaire, et qui a percé son Coeur mort pour en tirer la dernière goutte de sang, comme l’épuisement de son amour. Si la gloire de Dieu, et le salut, la perfection d’une âme valent le Sang de Jésus-Christ, ils valent bien mon sang et ma vie misérables. Aimez Jésus, ma fille, sacrifiez-lui toutes choses, et vous me comprendrez.

[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]

samedi 9 novembre 2019

L'amitié spirituelle

O Philothée, aimez un chacun d’un grand amour charitable, mais n’ayez point d’amitié qu’avec ceux qui peuvent communiquer avec vous de choses vertueuses; et plus les vertus que vous mettrez en votre commerce seront exquises, plus votre amitié sera parfaite. Si vous communiquez ès sciences, votre amitié est certes fort louable; plus encore si vous communiquez aux vertus, en la prudence, discrétion, force et justice. Mais si votre mutuelle et réciproque communication se fait de la charité, de la dévotion, de la perfection chrétienne, o Dieu! que votre amitié sera précieuse! Elle sera excellente parce qu’elle vient de Dieu, excellente parce qu’elle tend à Dieu, excellente parce que son lien c’est Dieu, excellente par ce qu’elle durera éternellement en Dieu. Oh! qu’il fait bon aimer en terre comme l’on aime au ciel, et apprendre à s’entre-chérir en ce monde comme nous ferons éternellement en l’autre!

Je ne parle pas ici de l’amour simple de charité, car il doit être porté à tous les hommes; mais je parle de l’amitié spirituelle, par laquelle deux ou trois ou plusieurs âmes se communiquent leur dévotion, leurs affections spirituelles, et se rendent un seul esprit entre elles. Qu’à bon droit peuvent chanter telles heureuses âmes : « Oh! que voici combien il est bon et agréable que les frères habitent ensemble! » Oui, car le baume délicieux de la dévotion distille de l’un des coeurs en l’autre par une continuelle participation, si qu’on peut dire que Dieu a répandu sur cette amitié sa bénédiction et la vie jusques aux siècles des siècles.

Il m’est avis que toutes les autres amitiés ne sont que des ombres au prix de celle-ci, et que leurs liens ne sont que des chaînes de verre ou de jayet, en comparaison de ce grand lien de la sainte dévotion qui est tout d’or.

Ne faites point d’amitié d’autre sorte, je veux dire des amitiés que vous faites: car il ne faut pas ni quitter ni mépriser pour cela les amitiés que la nature et les précédents devoirs vous obligent de cultiver, des parents, des alliés, des bienfaiteurs, des voisins et autres; je parle de celles que vous choisissez vous-même.

Plusieurs vous diront peut-être qu’il ne faut avoir aucune sorte de particulière affection et amitié, d’autant que cela occupe le coeur, distrait l’esprit, engendre les envies : mais ils se trompent en leurs conseils ; car ‘ils ont vu ès écrits de plusieurs saints et dévots auteurs que les amitiés particulières et affections extraordinaires nuisent infiniment aux religieux; ils cuident que c’en soit de même du reste du monde, mais il y a bien à dire. Car attendu qu’en un monastère bien réglé le dessein commun de tous rend à la vraie dévotion, il n’est pas requis d’y faire ces particulières communications, de peur que cherchant en particulier ce qui est commun, on ne passe des particularités aux partialités; mais quant à ceux qui sont entre les mondains et qui embrassent la vraie vertu, il leur est nécessaire de s’allier les uns aux autres par une sainte et sacrée amitié; car par le moyen d’icelle ils s’animent, ils s’aident, ils s’entreportent au bien. Et comme ceux qui cheminent en la plaine n’ont pas besoin de se prêter la main, mais ceux qui sont ès chemins scabreux et glissants s’entretiennent l’un l’autre pour cheminer plus sûrement, ainsi ceux qui sont ès religions n’ont pas besoin des amitiés particulières, mais ceux qui sont au monde en ont nécessité pour s’assurer et secourir les uns les autres, parmi tant de mauvais passages qu’il leur faut franchir. Au monde, tous ne conspirent pas à même fin, tous n’ont pas le même esprit , il faut donc sans doute se tirer à part et faire des amitiés selon notre prétention ; et cette particularité fait voirement une partialité, mais une partialité sainte, qui ne fait aucune division, sinon celle du bien et du mal, des brebis et des chèvres, des abeilles et des frelons, séparation nécessaire.

Certes, on ne saurait nier que Notre Seigneur n’aimât d’une plus douce et, plus spéciale amitié saint Jean, le Lazare, Marthe, Madeleine, car l’Ecriture le témoigne. On sait que saint Pierre chérissait tendrement saint Marc et sainte Pétronille, comme saint Paul faisait son Timothée et sainte Thècle. Saint Grégoire Nazianzène se vante cent fois de l’amitié nonpareille qu’il eut avec le grand saint Basile, et la décrit en cette sorte : « Il semblait qu’en l’un et l’autre de nous, il n’y eût qu’une seule âme portant deux corps. Que s’il ne faut pas croire ceux qui disent que toutes choses sont en toutes choses, si nous faut-il pourtant ajouter foi que nous étions tous deux en l’un de nous, et l’un en l’autre; une seule prétention avions-nous tous deux, de cultiver la vertu et accommoder les desseins de notre vie aux espérances futures, sortant ainsi hors de la terre mortelle avant que d’y mourir. » Saint Augustin témoigne que saint Ambroise aimait uniquement sainte Monique pour les rares vertus qu’il voyait en elle, et qu’elle réciproquement le chérissait comme un ange de Dieu.

Mais j’ai tort de vous amuser en chose si claire. Saint Jérôme, saint Augustin, saint Grégoire, saint Bernard et tous les plus grands serviteurs de Dieu ont eu de très particulières amitiés, sans intérêt de leur perfection. Saint Paul reprochant le détraquement des Gentils, les accuse d’avoir été gens sans affection, c’est-à-dire qui n’avaient aucune amitié. Et saint Thomas, comme tous les bons philosophes, confesse que l’amitié est une vertu: or, il parle de l’amitié particulière, puisque, comme il dit, la parfaite amitié ne peut s’étendre à beaucoup de personnes. La perfection donc ne consiste pas à n’avoir point d’amitié, mais à n’en avoir que de bonne, de sainte et sacrée.

(Texte repris de "Introduction a la vie dévote" de Saint François de Sales)

mardi 5 novembre 2019

Notre-Seigneur vous veut pour Lui seul

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

Lettres à la Soeur X...

Berchem, 8 juin 1875.

MA CHÈRE PETITE SOEUR,

Je dois vous dire que dès le premier jour où je vous ai vue, j’ai eu l’impression que Notre-Seigneur vous veut pour Lui seul, et qu’il n’a fait votre coeur que pour son amour. Tout autre amour vous rendrait étrangement malheureuse. Je ne vous connais pas, croyez-vous, et je vous suppose meilleure que vous n’êtes ; ici, vous faites une petite erreur, chère Soeur; en effet, l’appel de Dieu à une vocation privilégiée et le mérite de l’âme appelée sont deux choses fort distinctes, et que vous semblez un peu confondre. C’est précisément parce que j’ai senti quel amour spécial Notre-Seigneur a pour votre âme, et parce que j’ai compris — pardonnez à ma franchise — que la lumière, l’état et la correspondance de votre chère âme n’étaient pas encore à la hauteur de cet appel de choix, que j’ai éprouvé pour vous cet attrait d’humble zèle, ce dévouement et ces désirs qui ne m’ont pas quittée.

Malgré mon indignité, j’aime Notre-Seigneur par-dessus tout ; alors l’âme est entraînée vers ce qu’il aime de préférence. S’il ne peut pas encore atteindre et gagner ainsi à son unique amour l’âme qu’il cherche et qu’il a choisie, alors je n’ai plus qu’un désir, quelque profonde que soit ma misère : l’aider à courir après cette âme, dût-elle n’en jamais rien savoir, et la lui amener au prix de tous les sacrifices. Quand Jésus sera l’Epoux céleste de votre âme, votre coeur sera brûlé de la même soif, car il est fait pour un semblable dévouement, et Notre-Seigneur l’a créé tout exprès pour cela.

Votre âme est à Dieu, mais non encore uniquement; Dieu veut vous posséder de plus près, mais que d’obstacles extérieurs semblent s’y opposer ! Courage ! L’indignité ne fait rien à l’affaire. Qui est digne de communier par exemple ? et pourtant nous communions, et avec quel bonheur ! Le choix de Dieu ne se borne pas sur notre mérite ; il dit le premier mot de cet appel à qui il veut; il ramasse Paul, Augustin, Madeleine, au fond de leurs rébellions et de leurs faiblesses. Son choix entraîne sa grâce pour former l’âme selon ses desseins, si elle est fidèle à l’appel. Car voilà le grand point : Beaucoup sont appelés, peu sont élus, parce que peu correspondent à l’appel. Dieu appelle, sa grâce descend ; c’est à l’âme de saisir cette grâce et de répondre à cet appel ; si elle se détourne et si elle refuse, entraînée par le monde, par les affections humaines, les intérêts temporels, les répugnances naturelles, les considérations et les craintes de la chair et du sang, Dieu, après d’instantes sollicitations, se retire; et qui peut comprendre ce qu’est la jalousie irritée d’un Amour divin méprisé ?... « Je crains Jésus qui passe... »

O Jésus, en passant, emparez-vous de nos âmes, et ne les laissez pas errer loin de vous rien, hors de vous, ne peut contenter ces coeurs que vous avez faits pour vous seul ! L’amour divin a son appel ; il a aussi ses heures, et ses heures sont fécondes : alors l’impossible devient possible, la générosité brise suavement les obstacles, car la grâce n’aime pas les retards.

Prions ensemble, et quand Jésus parlera bien clairement, confiance, n’hésitez pas, ne reculez pas.

Vous avez raison de compter sur mon pauvre coeur ; nos relations commencent, mais ma religieuse affection pour vous date de loin.

Vous n’abuserez jamais de mon temps. Excusez seulement ma rondeur et ma franchise ; je ne vois que votre âme, pour laquelle je donnerais ma vie, si elle pouvait voùs gagner toute à Jésus.

MARIE DE JÉSUS.

[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]

vendredi 1 novembre 2019

Prier pour la sanctification du clergé

[Dans les écrits de Sainte Thérèse de Lisieux]

Carmel 14 Juillet 1989
Jésus +

Ma Céline chérie
                             Mon âme ne te quitte pas... elle souffre l'exil avec toi!

.. Oh! qu'il en coûte de vivre, de rester sur cette terre d'amertume et d'angoisse... Mais demain... dans une heure, nous serons au port, quel bonheur! Ah! qu'il fera bon contempler Jésus face à face pendant toute l'éternité! toujours toujours plus d'amour, toujours des joies plus enivrantes... un bonheur sans nuage!

[...] Dieu est admirable, mais surtout il est aimable, aimons-le donc... aimons-le assez pour souffrir pour lui tout ce qu'il voudra, même les peines de l'âme, les aridités, les angoisses, les froideurs apparentes... ah! c'est là un grand amour d'aimer Jésus sans sentir la douceur de cet amour... c'est là un martyre... Et bien! mourons Martyres. [...] Céline, pendant les COURTS INSTANTS qui nous restent ne perdons pas notre temps... sauvons les âmes... les âmes, elles se perdent comme des flocons de neige et Jésus pleure, et nous... nous pensons à notre douleur sans consoler notre fiancé... Oh! ma Céline, vivons pour les âmes... soyons apôtres.. sauvons surtout les âmes des Prêtres, ces âmes devraient être plus transparentes que le cristal... Hélas! combien de mauvais prêtres, de prêtres qui ne sont pas assez saints... Prions, souffrons pour eux, et au dernier jour Jésus sera reconnaissant. Nous lui donnerons des ânes!... Céline, comprends-tu le cri de mon coeur?... Ensemble... Toujours ensemble

Céline et Thérèse de l'Enfant Jésus de la Ste Face

lundi 28 octobre 2019

Une jeune star de Hollywood


Toutes les histoires vocationnelles sont belles, car toutes sont des histoires d’amour. Toutefois, il y a des vocations qui suscitent la stupeur, car elles impliquent des personnes auxquelles on ne s’attendrait pas.

Dolores Hart était une jeune star à Hollywood, sa beauté attirait des foules au cinéma, les réalisateurs était disposés à payer cher pour la faire jouer dans leurs films. Succès, joie, plaisir, divertissement...elle avait pratiquement tout ce que les mondains pourraient désirer. Vanitas vanitatum, vanité des vanités, tout est vanité, sauf aimer Dieu et servir uniquement Lui. Les biens de ce monde ne peuvent pas satisfaire le coeur de l’homme qui est créé pour aimer le Seigneur et il est inquiet jusqu’à ce qu’il ne se repose pas en Lui.

La Vierge Marie, Médiatrice de toutes les grâces, veillait sur Dolores, et le Divin Rédempteur la voulait comme sa chaste épouse. La jeune actrice blonde a interprété le rôle de sainte Claire dans un film sur saint François d’Assise ( les deux photos du post sont tirées de ce film) et a eu l’occasion de rencontrer le Souverain Pontife. Peu à peu elle a compris que Jésus l’appelait à vivre en clôture dans le monastère de l’abbatie "Regina Laudis" en Connecticut ( les Etats-Unis). Parmi la stupeur et le bruit des médias et de l’opinion internationale, elle a tout lâché pour prendre l’habit des soeurs bénédictines. Dans le silence et le recueillement de la clôture, elle se sentait finalement heureuse.

jeudi 24 octobre 2019

Je veux aimer Dieu

Je soussignée, constituée et établie en la présence de Dieu éternel et de toute la cour céleste, ayant considéré l’immense miséricorde de sa divine bonté envers moi, très indigne et chétive créature, qu’elle a créée de rien, conservée, soutenue, délivrée de tant de dangers, et comblée de tant de bienfaits; mais surtout ayant considéré cette incompréhensible douceur et clémence avec laquelle ce très bon Dieu m’a si bénignement tolérée en mes iniquités, si souvent et si amiablement inspirée, me conviant à m’amender, et si patiemment attendue à pénitence et repentance jusques à cette N. année de mon âge, nonobstant toutes mes ingratitudes, déloyautés et infidélités par lesquelles, différant ma conversion et méprisant ses grâces, je l’ai si impudemment offensé ; après avoir considéré qu’au jour de mon sacré baptême je fus si heureusement et saintement vouée et dédiée à mon Dieu pour être sa fille, et que, contre la profession qui fut alors faite en mon nom, j’aie tant et tant de fois si malheureusement et détestablement profané et violé mon esprit, l’appliquant et l’employant contre la divine Majesté; enfin, revenant maintenant à moi-même, prosternée de coeur et d’esprit devant le trône de la justice divine, je me reconnais, avoue et confesse pour légitimement atteinte et convaincue du crime de lèse-majesté divine, et coupable de la mort et passion de Jésus-Christ, à raison des péchés que j’ai commis, pour lesquels il est mort et a souffert le tourment de la croix, si que je suis digne, par conséquent, d’être à jamais perdue et damnée.

Mais me retournant devers le trône de l’infinie miséricorde de ce même Dieu, après avoir détesté de tout mon coeur et de toutes mes forces les iniquités de ma vie passée [...] Et me convertissant à mon Dieu débonnaire et pitoyable, je désire, propose, délibère et me résous irrévocablement de le servir et aimer maintenant et éternellement, lui donnant à ces fins, dédiant et consacrant mon esprit avec toutes ses facultés, mon âme avec toutes ses puissances, mon coeur avec toutes ses affections, mon corps avec tous ses sens; protestant de ne jamais plus abuser d’aucune partie de mon être contre sa divine volonté et souveraine Majesté, à laquelle je me sacrifie et immole en esprit, pour lui être à jamais loyale, obéissante et fidèle créature, sans que je veuille onques m’en dédire ni repentir. Mais héla s, si par suggestion de l’ennemi ou par quelque infirmité humaine, il m’arrivait de contrevenir en chose quelconque à cette mienne résolution et consécration, je proteste dès maintenant, et me propose, moyennant la grâce du Saint-Esprit, de m’en relever si tôt que je m’en apercevrai, me convertissant derechef à la miséricorde divine, sans retardation ni dilation quelconque.

(Texte repris de "Introduction a la vie dévote" de Saint François de Sales)

dimanche 20 octobre 2019

Père spirituel

Le jeune Tobie commandé d’aller en Ragès: « Je ne sais nullement le chemin, dit-il ». « Va donc, répliqua le père, et cherche quelque homme qui te conduise ». Je vous en dis de même, ma Philothée: voulez-vous à bon escient vous acheminer à la dévotion? cherchez quelque homme de bien qui vous guide et conduise; c’est ici l’avertissement des avertissements. Quoi que vous cherchiez, dit le dévot Avila, vous ne trouverez jamais si assurément la volonté de Dieu que par le chemin de cette humble obéissance, tant recommandée et pratiquée par tous les anciens dévots.

La bienheureuse mère Thérèse, voyant que madame Catherine de Cordoue faisait de grandes pénitences désira fort de l’imiter en cela, contre l’avis de son confesseur qui le lui défendait, auquel elle était tentée de ne point obéir pour ce regard; et Dieu lui dit: « Ma fille, tu tiens un bon et assuré chemin. Vois-tu la pénitence qu’elle fait ? mais moi, je fais plus de cas de ton obéissance s. Aussi elle aimait tant cette vertu, qu’outre l’obéissance qu’elle devait à ses supérieurs, elle en voua une toute particulière à un excellent homme, s’obligeant de suivre sa direction et conduite, dont elle fut infiniment consolée; comme, après et devant elle, plusieurs bonnes âmes, qui pour se mieux assujettir à Dieu, ont soumis leur volonté à celle de ses serviteurs, ce que sainte Catherine de Sienne loue infiniment en ses Dialogues. La dévote princesse sainte Elisabeth se soumit avec une extrême obéissance au docteur maître Conrad; et voici l’un des avis que le grand saint Louis fit à son fils avant que mourir: «Confesse-toi souvent, élis un confesseur idoine, qui soit prud’homme et qui te puisse sûrement enseigner à faire les choses qui te sont nécessaires.

« L’ami fidèle, dit l’Ecriture Sainte, est une forte protection; celui qui l’a trouvé, a trouvé un trésor. L’ami fidèle est un médicament de vie et d’immortalité; ceux qui craignent Dieu le trouvent ». Ces divines paroles regardent principalement l’immortalité, comme vous voyez, pour laquelle il faut sur toutes choses avoir cet ami fidèle qui guide nos actions par ses avis et conseils, et par ce moyen nous garantit des embûches et tromperies du malin; il nous sera comme un trésor de sapience en nos afflictions, tristesses et chutes ; il nous servira de médicament pour alléger et consoler nos coeurs ès maladies spirituelles; il nous gardera du mal, et rendra notre bien meilleur ; et quand il nous arrivera quelque infirmité, il empêchera qu’elle ne soit pas à la mort, cari! nous en relèvera.

Mais qui trouvera cet ami? Le Sage répond : « Ceux qui craignent Dieu »; c’est-à-dire les humbles qui désirent fort leur avancement spirituel. Puisqu’il vous importe tant, Philothée, d’aller avec un bon guide en ce saint voyage de dévotion, priez Dieu avec une grande instance qu’il vous en fournisse d’un qui soit selon son coeur, et ne doutez point; car, quand il devrait envoyer un ange du ciel, comme il fit au jeune Tobie, il vous en donnera un bon et fidèle.

Or, ce doit toujours être un ange pour vous c’est-à-dire, quand vous l’aurez trouvé, ne le considérez pas comme un simple homme, et ne vous confiez point en icelui ni en son savoir humain, mais en Dieu, lequel vous favorisera et parlera par l’entremise de cet homme, mettant dedans le coeur et dedans la bouche d’icelui ce qui sera requis pour votre bonheur ; si que vous le devez écouter comme un ange qui descend du ciel pour vous y mener. Traitez avec lui à coeur ouvert, en toute sincérité et fidélité, lui manifestant clairement votre bien et votre mal, sans feintise ni dissimulation : et par ce moyen, votre bien sera examiné et plus assuré, et votre mal sera corrigé et remédié; vous en serez allégée et fortifiée en vos afflictions, modérée et réglée en vos consolations, Ayez en lui une extrême confiance mêlée d’une sacrée révérence, en sorte que la révérence ne diminue point la confiance, et que la confiance n’empêche point la révérence; confiez. vous en lui avec le respect d’une fille envers son père, respectez-le avec la confiance d’un fils envers sa mère: bref, cette amitié doit être forte et douce, toute sainte, toute sacrée, toute divine et toute spirituelle.

Et pour cela, choisissez-en un entre mille, dit Avila ; et moi je dis entre dix mille, car il s’en trouve moins que l’on ne saurait dire qui soient capables de cet office. Il le faut plein de charité, de science et de prudence: si l’une de ces trois parties lui manque, il y a du danger. Mais je vous dis derechef, demandez-le à Dieu, et l’ayant obtenu bénissez sa divine Majesté, demeurez ferme et n’en cherchez point d’autres, ains allez simplement, humblement et confidemment, car vous ferez un très heureux voyage.

(Texte repris de "Introduction a la vie dévote" de Saint François de Sales)

mercredi 16 octobre 2019

Refuser la vocation

Saint Alphonse Maria de Ligouri raconte dans ses écrits que dans le célèbre collège romain des jésuites il y avait un jeune homme qui possédait beaucoup de qualités. En participant à quelques exercices spirituels, il a demandé à son confesseur si le fait de ne pas correspondre à la vocation religieuse était un péché. Le confesseur lui a dit que, s’il n’était pas un péché grave en lui-même, car la vocation reçue de Dieu est un conseil et non pas un ordre, la repousser serait mettre son salut en grand péril, comme il est arrivé à beaucoup de gens qui se sont damnés en vivant dans le monde. Le jeune n’a pas répondu à l’appel de Dieu et il est allé étudier ailleurs, où il a commencé très vite à abandonner la prière et les sacrements et a fini par mener une vie en péché. Une nuit, au bas des escaliers de la maison d’une femme pécheresse, il a été mortellement blessé par un de ses ennemis. Quelques prêtres se sont empressés de lui administrer les sacrements, mais il était déjà mort avant leur venue, en donnant son dernier soupir devant le collège des jésuites qu’il avait abandonné. Selon Saint Alphonse, Dieu a voulu montrer de cette façon la punition que ce jeune homme a méritée en méprisant la vocation reçue.