Commencez le soir précédent à vous préparer à la sainte communion par plusieurs aspirations et élancements d’amour, vous retirant un peu de meilleure heure afin de vous pouvoir aussi lever plus matin. Que si la nuit vous vous réveillez, remplissez soudain votre coeur et votre bouche de quelques paroles odorantes, par le moyen desquelles votre âme soit parfumée pour recevoir l’Epoux, lequel, veillant pendant que vous dormez, se prépare à vous apporter mille grâces et faveurs, si de votre part vous êtes disposée à les recevoir. Le matin levez-vous avec grande joie, pour le bonheur que vous espérez, et vous étant confessée, allez avec grande confiance, mais aussi avec grande humilité, prendre cette viande céleste qui vous nourrit à l’immortalité. [...]
L’ayant reçu, excitez votre coeur à venir faire hommage à ce Roi de salut; traitez avec lui de vos affaires intérieures, considérez-le dedans vous, où il s’est mis pour votre bonheur; enfin, faites-lui tout l’accueil qu’il vous sera possible, et comportez-vous en sorte que l’on connaisse en toutes vos actions que Dieu est avec vous. Mais quand vous ne pourrez pas avoir ce bien de communier réellement à la sainte messe, communiez au moins de coeur et d’esprit, vous unissant par un ardent désir à cette chair vivifiante du Sauveur.
Votre grande intention en la communion doit être de vous avancer, fortifier et consoler en l’amour de Dieu; car vous devez recevoir pour l’amour ce que le seul amour vous fait donner. Non, le Sauveur ne peut être considéré en une action ni plus amoureuse ni plus tendre que celle-ci, en laquelle il s’anéantit, par manière de dire, et se réduit en viande afin de pénétrer nos âmes et s’unir intimement au coeur et au corps de ses fidèles.
(Texte repris de "Introduction a la vie dévote" de Saint François de Sales)