mercredi 16 novembre 2011

La méditation

La méditation répand des bons mouvements en la volonté ou partie effective de notre âme, comme sont l’amour de Dieu et du prochain, le désir du paradis et de la gloire, le zèle du salut des âmes, l’imitation de la vie de Notre Seigneur, la compassion, l’admiration, la réjouissance, la crainte de la disgrâce de Dieu, du jugement et de l’enfer, la haine du péché, la confiance en la bonté et miséricorde de Dieu, la confusion pour notre mauvaise vie passée:

et en ces affections, notre esprit se doit épancher et étendre le plus qu’il lui sera possible. Que si vous voulez être aidée pour cela, prenez en main le premier tome des Méditations de dom André Capilia, et voyez sa préface, car en icelle il montre la façon avec laquelle il faut dilater ses affections; et plus amplement, le Père Arias en son Traité de l’Oraison.

Il ne faut pas pourtant, Philothée, s’arrêter tant à ces affections générales, que vous ne les convertissiez en des résolutions spéciales et particulières pour votre correction et amendement. Par exemple, la première parole que Notre Seigneur dit sur la croix répandra sans doute une bonne affection d’imitation en votre âme, à savoir, le désir de pardonner à vos ennemis et de les aimer. Or, je dis maintenant que cela est peu de chose, si vous n’y ajoutez une résolution spéciale en cette sorte: or sus donc, je ne me piquerai plus de telles paroles fâcheuses qu’un tel ou une telle, mon voisin ou ma voisine, mon domestique ou ma domestique disent de moi, ni de tel et tel mépris qui m’est fait par cestui-ci ou cestui-là; au contraire, je dirai et ferai telle et telle chose pour le gagner et adoucir, et ainsi des autres. Par ce moyen, Philothée, vous corrigerez vos fautes en peu de temps, là où par les seules affections vous le ferez tard et malaisément.

(Texte repris de "Introduction a la vie dévote" de Saint François de Sales)