lundi 9 mai 2011

La nature des fonctions sacerdotales exige la sainteté

En vertu de sa mission, le prêtre doit glorifier Dieu au nom de toutes les créatures et plus spécialement du peuple chrétien. Il est donc vraiment, et cela en vertu du sacerdoce tel que Notre Seigneur l'a institué, le religieux de Dieu. C'est surtout par le saint sacrifice de la messe et la récitation du Saint Office qu'il s'acquitte de ce devoir ; mais toutes ses actions, même les plus communes peuvent y contribuer, comme nous l'avons dit plus haut, si elles sont faites pour lui plaire. Or cette mission ne peut être remplie convenablement que par un prêtre saint, ou du moins disposé à le devenir.

Quelle sainteté est requise pour le Saint Sacrifice? Les prêtres de l'Ancienne Loi qui voulaient s'approcher de Dieu, devaient être saints (il s'agit surtout de la sainteté légale) sous peine d'être châtiés (Exod., XIX, 22). Pour offrir l'encens et les pains destinés à l'autel, ils devaient être saints (Levit., XXI,6). Combien plus saints, d'une sainteté intérieure, ceux qui offrent non plus des ombres et des figures, mais le sacrifice par excellence, la victime infiniment sainte? Tout est saint dans ce divin sacrifice: la victime et le prêtre principal qui n'est autre que Jésus, qui, nous dit Saint Paul, « est saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et élevé au-dessus des cieux (Hebr., VII, 26); l'Eglise, au nom de laquelle le prêtre offre la sainte messe, et que Jésus a sanctifiée au prix de son sang : « seipsum tradidit pro ea ut illam sanctificaret... ut sit sancta et immaculata » (Ephes., V, 25-27); le but, qui est de glorifier Dieu et de produire dans les âmes des fruits de sainteté ; les prières et cérémonies, qui rappellent le sacrifice du Calvaire et les effets de sainteté qu'il a mérités; la communion surtout, qui nous unit à la source de toute sainteté. N'est-il donc pas nécessaire que le prêtre qui, comme représentant de Jésus-Christ et de l'Eglise, offre cet auguste sacrifice, soit lui-même revêtu de sainteté? Comment pourrait-il représenter dignement Jésus-Christ, au point d'être alter Christus, si sa vie était médiocre, sans aspirations vers la perfection? Comment serait-il le ministre de l'Eglise immaculée, si son âme, attachée au péché véniel, n'avait cure de progrès spirituel? Comment glorifierait-il Dieu, si son cœur était vide d'amour et de sacrifice? Comment sanctifierait-il les âmes, s'il n'avait lui-même le désir loyal de se sanctifier? Comment oserait-il monter au saint autel, et réciter les prières de la messe, qui respirent les sentiments les plus purs de pénitence, de foi, de religion, d'amour, d'abnégation, si son âme y était étrangère? [...] Et comment communier chaque jour au Dieu de toute sainteté, sans avoir le désir sincère de participer à cette sainteté, de s'en rapprocher du moins chaque jour par un effort progressif? Ne serait-ce pas là une contradiction flagrante, un manque de loyauté, une provocation, un abus de la grâce, une infidélité à sa vocation?

["Précis de Théologie Ascétique et Mystique", Adolphe Tanquerey, 1854-1932]